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Voyage au Darfour, Preface[]

French original[]

En terminant ce paragraphe sur les animaux et les productions du pays, je crois devoir signaler une lacune qui sera remarquée par le lecteur attentif, surtout s'il est au courant des dernières nouvelles scientifiques. Le voisinage du Ouadày et du Dârfour permettait au cheykh Mohammed-el-Tounsy d'entendre citer, sinon de voir par luimème un certain animal unicorne autre que le rhinocéros, que plusieurs témoignages unanimes assurent exister dans la première de ces deux contrées, dans le Dar-Rounga et dans d'autres encore. Il ne faudrait pas qu'on opposàt le silence du cheykh à ceux qui affirment l'existence de l'animal, et notamment à M. Fulgence-Fresnel, à qui on doit des recherches curieuses et approfondies sur ce sujet[1]. Il s'agit ici de l'animal vulgairement nommé licorne, qui n'est peut-ètre pas un être aussi chimérique qu'on le croit ordinairement, mais dont la description a été mèlée de traits fabuleux; ou bien, comme le dit judicieusement le savant orientaliste, formée de traits empruntés à des animaux différents. Quiconque lira attentivement ses deux lettres, écrites de Djeddah, restera convaincu que les Africains qui lui ont fait le le portrait de l'animal nommé aboukarn[2], c'est-à-dire la bète à une corne, que ces homes, disje, les uns de Rounga, les autres du Ouadày, se sont accordés parfaitement sans s'être concertés; qu'ils ont tous décrit et défini un animal distinct du rhinoceros, et que cet animal a sa corne principale implantée sur le front, non pas sur le nez; corne mobile, susceptible de s'incliner et de se redresser, et de devenir rigide, c'est-à-dire une arme terrible pour sa defense; les autres caractères de l'animal ne sont pas moins saillants. Le docteur Ed. Ruppell, célèbre voyageur et docte naturaliste, étant au Kordofan, entendit parler d'un animal analogue, et il n'hésita pas, d'après les rapports des natifs, à en faire mention dans ses lettres au baron de Zach[3]. On voit, d'après la carte du sultan Teïma, dans l'ouvrage de MM. de Cadalvène et Breuvery, que l'on fait au Dâr-Rounga le commerce des cornes d'un certain monocéros appelé aussi licorne par ces voyageurs. M. Kœnig, un des premiers Français qui ont voyage au Kordofan, ayant entendu faire la description de ce quadrupède armé d'une corne sur le front, l'a nommé licorne également. Or, le Dârfour ayant dans son territoire de rhinoceros, et faisant lui-même avec l'Egypte et d'autres pays le commerce de cornes de rhinoceros, il s'agit sans doute, dans la note inscrite sur la carte du sultan Teïma, de la corne d'un autre animal, que les Fòriens tirent par voie d'échange du Dàr-Rounga et du Dàr-Ouadày (ou Borgou). C'est peut-être une circonstance à ajouter aux faits don't M. Fresnel a fait usage. Je ferai remarquer encore que les chasseurs au Dârfour se servent du même moyen pour tuer les bêtes fauves que les Bourgâouis pour tuer l'aboukarn.


  1. Voy. Lettre sur certains quadrupeds réputés fabuleux; Journal Asiatique, mars 1844, et Duexieme lettre sur le même sujet, journal dit l'Institud, mars 1845.
  2. Je dois faire remarquer ici que, suivant la relation de Browne, chap. XVIII, les Arabes appellant aboukourn le rhinoceros; or, aboukourn ou aboukouroun, aboukeroun, c'est le père aux deux cornes; tandis qu'aboukarn est le père à une corne.
  3. Correspondance astronomique, etc., tom. XI, pag. 270. Le baron de Zach, qu'on n'accusera aps de crédulité, lui le critique à humeur sceptique, a mis à la suite de la lettre de M. Edouard Ruppell, une longue et curieuse note historique sur le sujet; il conclut avec les docteurs Sparmann et Pallas, en faveur de l'esistence du monocéros, Licorne, qu-on trouvera, dit il, dans quelque coin reculé de l'Afrique. (Voyez aussi le même recucil, tom. V, pag. 56, et tom. X, pag. 611). Au reste, l'animal décrit au docteur Ruppell, parait être une antilope unicorne et bien different de l'aboukarn d'Abdallah, d'Ibrahim de Rounga et autres natifs.

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